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Louise, l'atelier(suite)
17 novembre 2013

Drame (Noir et au-delà)

Du désir, il y en a (avait). Enormément, même. Mais tout s'est échoué, comme effondré. (Regarde, son corps est mû par le désir et il s'élance. Les mouvements sont amples, beaux, on sent qu'il s'agit d'un désir très fort et amoureux qui fait que leurs corps entiers cherchent à se rejoindre).

 

Tout s'est échoué. Cruellement et l'échec, ce qui échoue, s'échoue, se répète convulsivement (Regarde, son corps s'est élancé et espère l'amour, la rencontre, charnelle et tendre, charnelle et passionnée, heureuse. Il s'élance. Ils s'enlacent). Mais à chaque fois quelque chose se brise à l'intérieur. Pas le mur. Lui, il s'érige toujours frontalement, pour séparer, pour faire échouer. Et ça marche, ce qui rend leur corps douloureux.

 

La chute est donc aussi vertigineuse que cruelle. (Tu vois, son corps retombe convulsivement sur le sol, comme si un mur de béton lui barrait à chaque fois la route, mur qui se dresse à chaque fois que le désir désire. Echouer compulsivement, dit-elle, ou il, ou eux, là où chacun le ressent. A chaque fois que le désir s'érige, pour ainsi dire il se retourne en son contaire et se nourrit de tout le rejet du monde. Se met à mourir convulsivement comme si la brûlure du désir ne pouvait être que destructrice. Se met à se déchirer de lui-même comme si des forces adverses étaient toujours plus fortes, toujours présentes, venant toujours entâcher ce qu'il y a de plus pur. Pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe en eux ou bien entre eux pour que tout se retourne ainsi contre eux, comme une malédiction. // A chaque fois que l'amour émerge, il se retourne violemment en son contraire et ça se met à faire mal, à aller mal aussi. Ils se séparent. S'en vont. Regrettent. Souffrent. Leur amour est aussi cruel que compulsif, que convulsif.) Un peu comme si l'amour se refoulait de lui-même, à chaque fois cherchait à s'extraire de lui-même, à couper court.

 

Il ne se passe plus rien. pour le moment il ne se passe plus rien.

 

Le silence et l'inertie ont envahi l'espace. Les corps traînent ça et là. On dirait qu'ils dorment ; ils sont un peu recroquevillés sur eux-mêmes, mais sans excès. Ils ont l'air de se trouver dans un bâtiment abandonné. Il y a plusieurs étages, partout, des corps échoués.

 

Bien sûr, elle se sent un peu plus faible que d'habitude. Sans lui, sans cet amour, elle se sent toujours plus faible, comme s'il fallait toujours lutter contre les vides laissés, les interstices par où passe l'air froid, glacial même. Contre la sensation d'un corps qui se vide de lui-même de son énergie. Les vitres sont cassées et il y a un peu de verre épars, par terre. Le bâtiment est peu isolé de l'extérieur.

 

Elle sait qu'il n'y a plus de retour possible, que tout a été tellement dégradé que l'amour et le désir ne peuvent plus renaître entre eux, ni même peut-être ailleurs, mais elle refuse. Refuse ce sentiment que c'est la chair morte qui gagne, que de manière répétéitive ce soit ce qui est mort en elle qui gagne. Désir de mort. Elle ne veut pas mais pourtant on dirait que ça revient toujours. Elle ne veut plus de tout ce gâchis d'amour qui se répète sans cesse. Incessamment. Partout où elle se trouve. Partout où elle aime et désire. Partout où le désir se mue en désir d'échec et de rupture. Désir de mort au(x) lieu(x) mêmes de l'amour.

 

 

Rien, pas un mot. Plus un mot, plus un soupir, même. L'image semble complètement figée, sans aucun souffle. Comme si chacun retenait son souflle le plus possible, qu'aucune respiration, qu'aucun souflle ne vienne trahir l'attention à l'autre qui reste, subsiste, malgré cela, malgré tout. A moins que ce ne soit que pure illusion. A moins que ce qui reste ne soit que pure illusion d'amour, leurre absolu qui confine celle ou celui qui y croit dans un scénario infernal qui l'empêche d'avancer, le confine en lui-même ou dans le souvenir. Pourtant quelque chose dans la mémoire du corps ne s'éteint pas, subsiste. Quelque chose dans la mémoire du corps qui semble toujours raviver la blessure originelle, en même temps qu'inconnue, en même temps qu'indicible. De la présence ou de l'absence. Pour le moment seule la blessure est vive.

 

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